Les premières tensions se sont fait sentir en début d’après-midi, les manifestants ont été repoussés à coups de gaz lacrymogène. Cinq gendarmes et deux manifestants ont été blessés dans les heurts qui ont éclaté pendant le rassemblement, selon le préfet des Deux-Sèvres. Que devons-nous retenir de l’événement ? France Bleu fait le point.

Affrontements lors de la manifestation

Des heurts ont éclaté samedi dans le département des Deux-Sèvres entre manifestants et forces de l’ordre. 1 600 gendarmes ont été recrutés. Des affrontements avec les gendarmes ont commencé en début d’après-midi. Ces derniers ont reçu des balles et ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Les forces de sécurité ont voulu empêcher l’accès au site. Des élus portant leur foulard tricolore ont été maltraités, notamment la députée écologiste de Vienne Lisa Belluko, selon un photographe de l’AFP. Les grilles du site de la réserve d’eau ont été forcées par les manifestants, a rapporté sur le terrain un journaliste de France Bleu Poitou. Les manifestants sont revenus sur les lieux avant d’être rapidement repoussés par la police. Après un face à face tendu d’environ une heure aux abords de la réserve, les manifestants ont rebroussé chemin vers le terrain prêté par un agriculteur pour y camper. En fin d’après-midi, les 1 600 gendarmes mobilisés continuaient d’encercler la zone. Selon une source proche du système de sécurité de l’AFP, entre 3 000 et 4 000 opposants s’y trouvaient. Ce samedi soir, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a apporté “son soutien aux forces de l’ordre, notamment aux nombreux blessés”. “Merci à ces braves femmes et hommes qui se sont engagés à faire respecter la loi”, a-t-elle tweeté.

Blessures et arrestations

“Nous sommes déjà désolés pour cinq gendarmes blessés et nous avons été informés de deux blessés parmi les manifestants”, a indiqué Emmanuelle Dubée, préfète des Deux-Sèvres, qui “n’a pas de précisions sur la nature des blessures”. Quatre personnes ont également été interpellées. “Nous assistons à de violents tirs de mortier, à des cocktails Molotov et à divers projectiles lancés au visage des forces de sécurité”, a-t-il déclaré. “Il s’agit bien d’une manifestation violente visant à commettre des délits”, a-t-il ajouté. Julien Le Guet, représentant de “Bassines Non Merci”, un collectif d’associations, de syndicats et de groupes anticapitalistes opposés aux bassins, a été blessé dans la manifestation, rapporte sur le terrain le journaliste français Bleu Poitou. Selon l’AFP, “il portait un bandage sur la tête et avait un filet de sang du nez après avoir été brièvement interpellé”. Les gendarmes ont tiré des gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants. © Radio France – Sarah d’Hers Les manifestants, avant le départ. © Radio France – Sarah d’Hers

Les figures environnementales du cortège

Sandrine Rousseau, Yannick Jadot et la députée EELV de la Vienne Lisa Belluco sont sur place pour soutenir les manifestants. Ces derniers se sont regroupés autour des membres du collectif “Bassines Non Merci !”, les organisateurs. Les manifestants se rassemblent avant de partir pour le bassin. © Radio France – Sarah d’Hers “Très clairement Macron soutient un projet d’éco-tuerie”, a déclaré le porte-parole du collectif, Julien Le Guette, avant le début de la manifestation. Une œuvre du 20ème siècle. Dire que l’on peut résoudre un problème aussi important que celui de l’eau en la stockant dans du plastique, et [en la pompant] avec l’énergie nucléaire, dont nous savons qu’elle manquera également cet hiver. Ça ne peut pas durer.” “On est le 29 octobre, c’est sec partout, c’est aberrant de monopoliser toute l’eau disponible pour quelques producteurs de maïs”, s’est plaint l’eurodéputé Yannick Jadot. Trois groupes ont alors pris la direction de l’emplacement du bassin.

“Maïs pour tous, justice nulle part”

Les opposants au projet dénoncent “l’accaparement de l’eau” destiné à “l’agro-industrie”. “Maïs pour tous, justice nulle part” pouvait-on lire sur l’immense chapiteau jaune trônant au milieu de ce camp rempli de tonneaux dressé par diverses organisations déterminées à se rendre dès midi à proximité du chantier du “bassin”. Manifestant, ce samedi après-midi. © Radio France – Sarah d’Hers Ces cratères extérieurs, recouverts de bâches plastiques, sont remplis par pompage d’eau souterraine de surface en hiver et peuvent stocker jusqu’à 650 000 m3 (soit 260 piscines olympiques). Cette eau est utilisée pour l’irrigation en été, lorsque les précipitations sont moindres. Sainte-Soline est le deuxième d’un projet de 16 réservoirs de remplacement élaboré par un groupe de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l’eau, pour “diminuer les prélèvements d’eau de 70%”, dans cette zone encore restreinte d’irrigation après une sécheresse estivale inhabituelle .

1 600 gendarmes ont été mobilisés

Le département des Deux-Sèvres a sorti l’artillerie lourde en matière de sécurité : 1.600 gendarmes ont été mobilisés pour encadrer cette manifestation illégale. “Par le passé, les collectifs qui ont organisé ce genre de manifestations ont montré qu’ils organisaient en même temps la violence, qu’ils s’en prenaient aux forces de l’ordre et qu’ils n’hésitaient pas à dégrader une partie des installations agricoles qui se trouvaient dans le façon », a justifié la préfète Emmanuelle Dubée. Environ 200 élus, avocats ou professeurs ont dénoncé une atteinte à la “liberté fondamentale de manifestation” dans une tribune publiée par Libération. Parmi les signataires, des élus révolutionnaires ou écologistes comme Mathilde Panot, Clémentine Autain, Alexis Corbière ou Yannick Jadot.