Une défaite qui s’explique d’abord par la nature même du scrutin, comme l’explique Erwan Lecœur, sociologue d’extrême droite et membre du laboratoire Pacte : “Les élections législatives ne sont jamais favorables aux candidats.” « A la présidentielle, Eric Zemour avait sauvé les meubles, car le score de 7,07 % n’était pas si mal pour une jeune équipe. “Mais aux élections législatives on ne vote pas pour un homme, mais pour des candidats locaux”, renchérit Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite.
“On ne l’a pas vu dans cette séquence, il était parti aux champs”
La stratégie de relance ! pendant cette campagne législative est également en cause. “On ne l’a pas vu dans cette séquence, il était parti aux champs. “Peut-être parce qu’il est bonapartiste et qu’il considérait les élections législatives comme un scrutin secondaire”, estime Jean-Yves Camus. Le militant d’extrême droite a aussi commis l’erreur de choisir sa circonscription trop tard (l’annonce a été faite le 12 mai), ce qui ne lui a pas laissé beaucoup de temps pour nouer une relation avec la circonscription locale. Et trop souvent, les électeurs punissent les parachutistes de dernière minute. Bref, Reconquête ! payé le manque d’ancrage local de ses candidats. Les élections législatives ont aussi servi de révélation politique, selon Erwan Lecœur : “Eric Zemmour est un objet médiatique depuis juillet 2021, ce qui a faussé l’analyse de nombreux politologues. Mais rattrape ! est un micro-parti sans réelle base électorale. Il représente une avant-garde élitiste de la droite identitaire, mais ce n’est pas un mouvement populaire et social implanté localement, comme le RN”. Le fait que ce dernier refuse de s’allier à Reconquest ! Ça faisait aussi le bruit d’un couteau, estime Erwan Lecœur : “Ça a accéléré sa chute. »
Un autre rôle devant la caméra ?
Ce coup porté aux législatives a des conséquences pour Zemmour. “S’il était présent à la convention, il pourrait s’en servir comme d’un podium pour jouer dans les tribunes”, a déclaré Jean-Yves Camus. “Le phénomène politique Zemmour est mort le 12 juin”, pièce d’Erwan Lecœur. Qu’adviendra-t-il du guerrier maintenant ? Sa carrière politique est-elle terminée ? Va-t-il redevenir chroniqueur controversé de CNews et auteur du Figaro ? Erwan Lecœur estime : « Il le fera pour être dans le débat. “Parce qu’il n’a pas de mandat et qu’il aura besoin d’une activité professionnelle.” Jean-Yves Camus en doute sérieusement : “On ne redevient pas chroniqueur quand on est passé de l’autre côté du miroir.” Son ancienne collègue de CNews, Christine Kelly, acquiesce : « Elle est passée à autre chose. Il commence sa vie d’homme politique et ne reviendra pas sur CNews. “Ce n’est pas prévu”, a-t-il déclaré au Figaro.
On se dirige vers les Européens
Selon Jean-Yves Camus, Eric Zemmour ne compte pas s’arrêter là : « Reconquête ! il parie sur un agenda qui va de 2022 à 2027. Eric Zemour a un objectif basé sur un horizon à long terme ». Le principal intéressé a fait part de ses intentions lors de la défaite dimanche : “Nous avons cinq ans de travail acharné devant nous. Nous sommes prêts ! Vive la Reprise !, vive la République et surtout vive la France ! “La prochaine échéance politique pour lui sera les élections européennes prévues en 2024, où il a plus de chances, en raison du scrutin proportionnel, d’être élu.” Ce sera la dernière élection où il pourra prouver qu’il a sa place dans “D’ici là, Eric Zemmour devra travailler dur pour consolider son parti et l’asseoir durablement dans le paysage politique. Parce que son mouvement revendique pour l’instant seulement 130 000 adhérents.” “pour vivre de son parti avec environ cinquante députés et il espère gagner 5 % aux élections européennes », estime Erwan Lecœur. Va-t-il tenter de rallier les dissidents du RN ? « Cette tâche devrait être difficile au vu des résultats plutôt corrects du RN aux élections législatives. Yves Camus. “Les dissidents qui sont venus le suivre ont perdu un poste de député. Il est peu probable qu’il trouve de nombreux autres suicides politiques. Et il y a même de forts risques de perdre des combattants. “Parce qu’on ne pardonne pas les échecs au sein de la droite radicale”, renchérit Erwan Lecœur. Quant à la longue existence de Reconquête!, la partie est loin d’être gagnée, selon Jean-Yves Camus. « Nulle part en Europe les deux partis ne partagent la position de la droite radicale. Pour comprendre cette rubrique, Reconquête ! remplace RN “.