“La voix a les mêmes résultats, les mêmes conséquences qu’une personne en chair et en os. Ça évoque des émotions », explique Myreille St-Onge, professeure retraitée à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. «Certaines personnes ne demandent pas d’aide parce qu’elles ne perçoivent pas leur voix comme très négative et qu’elles fonctionnent bien», explique la femme, qui est l’une des pionnières de la recherche sur la voix au Québec. Origine Dans plus de 70% des cas, les voix apparaissent à la suite d’un traumatisme. « Si on commence à travailler sur le sens des voix, on voit qu’il y a un lien avec des expériences difficiles du passé », a déclaré Julie Ohanessian, coordonnatrice du développement clinique au Centre Inter-Section de Gatineau. Image douce
Myreille St-Onge est professeure retraitée à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval.
Les voix peuvent également refléter les difficultés vécues par ces personnes à la maison, leur pauvreté ou leur faible estime de soi. Pour aider les professionnels de la santé à mieux comprendre leur réalité, une équipe de chercheurs québécois travaille actuellement sur un prototype de simulateur audio 3D qui reproduit le plus fidèlement possible une illusion auditive typique. Ce projet, qui associe psychiatrie, ingénierie, sociologie et création sonore, permettra à terme de mieux comprendre l’impact des voix sur le quotidien des personnes vivant avec ce phénomène. Groupes d’auditeurs vocaux Parallèlement, des groupes de voix off sont déployés partout au Québec depuis 2007. Ces ateliers offrent « un endroit sécuritaire pour parler sans être jugé, sans que personne ne dise si c’est vrai ou non », explique Steven Barron, qui co-organise une équipe au Centre Le Rebond à Montréal. Le Journal, pour sa part, a pu assister à une séance offerte par le Centre d’activités pour le maintien de l’équilibre émotionnel de Montréal-Nord. Pendant près d’une heure, deux animateurs, dont un écoutant, et trois personnes vivant avec le phénomène ont discuté de leur rapport à leur voix et de leur cheminement vers l’acceptation. « J’ai mis beaucoup d’efforts dans ces rencontres pour pouvoir analyser ma maladie et comment faire faiblir ma voix », explique Keven Gagnon, qui est au laboratoire depuis trois ans. “Je me sens moins seul, ça me montre que d’autres personnes partagent mon point de vue”, a déclaré Mario-François Gazzero Ouellette, co-animateur du groupe. “Les voix qu’ils entendent envahissent parfois leurs voix. “Voir quelqu’un qui a fait le processus est bénéfique et donne de l’espoir”, a déclaré Mme Ohanessian, qui offre une formation aux coordonnateurs de ces groupes. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Avez-vous un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.