Législatives 2022 © Studio graphique FMM
« Nous sommes ici, nous sommes là, nous sommes dans une dynamique forte depuis 2017. » Marin Le Pen a souri lundi 13 juin, au lendemain du premier tour des législatives, lors de son déplacement à Rouvroix, dans son fief du Pas-de-Calais.
Avec 18,68% des suffrages dimanche après-midi, son parti peut espérer l’élection de “dizaines de députés” à l’Assemblée nationale. Mais surtout, la Coalition nationale a nettement progressé en cinq ans, récoltant 1.258.172 voix de plus par rapport au premier tour des élections législatives de 2017, enregistrant une progression de 5,48 points.
“Nous sommes les seuls qui sommes effectivement dans une dynamique forte depuis 2017, car de 2017 jusqu’à aujourd’hui la gauche et l’extrême gauche ensemble sont en déclin ou en stagnation, En Marche est en forte baisse, LR est en krach et le National” Rassemblement sur la montée pour lui”, a déclaré le député sortant du Pas-de-Calais, qui avec 53,96% des suffrages mais une participation insuffisante, a perdu la réélection dès le premier tour.
“C’est un résultat historique pour l’extrême droite dans son ensemble, puisque ce bloc a recueilli plus de 5 millions de voix”, estime le sociologue Ugo Palheta, maître de conférences à l’université de Lille et auteur de La Possibilité du fascisme (La Découverte). , 2018). “Elle n’a jamais été au cours des 40 dernières années dans autant de seconds tours. RN peut faire mieux qu’en 1986, quand il y avait la représentation proportionnelle cette année-là.”
A l’époque, dirigé par Jean-Marie Le Pen, le Front national avait obtenu 35 sièges aux élections législatives de 1986, grâce notamment à l’instauration de la proportionnelle. Trente-six ans plus tard et sans représentation proportionnelle, la fille du fondateur du parti d’extrême droite pouvait donc mieux faire. Le RN présentera, dimanche 19 juin, plus de 200 candidats au second tour.
Des racines électorales plus profondes
Pourtant, la campagne législative menée par Marin Le Pen a été moins offensive, voire lâche. Parti en vacances après sa défaite à la présidentielle contre Emanuel Macron, elle a proposé, pour son retour dans les médias deux semaines plus tard, des pronostics jugés décourageants. “Je pense que la logique des institutions veut que le président de la République ait la majorité. Tous ceux qui disent autre chose racontent des contes de fées”, a-t-il déclaré à TF1 le 10 mai à 20h, ciblant Jean-Luc Melanson. A cette époque, la plupart du temps, il suffisait de mener une campagne de terrain minimale, qui s’effectuait essentiellement dans son fief, le Pas-de-Calais.
« Pour faire campagne aux législatives, il faut des cadres sur tout le territoire et le RN n’en a pas. Mais ses bons résultats au premier tour montrent tout de même une assise politique et électorale tout à fait stable dans de nombreux domaines, avec la capacité d’atteindre un des scores élevés, même quand ses candidats ne tiennent pas la route », note Ugo Palheta, évoquant les péripéties accidentelles de plusieurs candidats RN qui bégaient leurs réponses dans des discussions organisées par des chaînes de télévision locales.
A lire : Législation : le retour du clivage gauche-droite dans le paysage politique français ? Le RN réalise ainsi de très bons résultats dans le nord de la France, dans le sud-est et dans l’est : 12 candidats diplômés au second tour à 12 dans le Pas-de-Calais, 8 candidats sur 8 dans le Var, 5 candidats sur 6 dans le Gard, 5 candidats sur 5 dans l’Aisne ou encore 8 candidats sur 9 en Moselle, avec 26 premières places possibles sur 40 dans les cinq divisions. Surtout, l’extrême droite n’a pas fait de mal à Marin Le Pen, qui a de nouveau remporté son combat à distance avec Eric Zemour, déjà vainqueur par KO au premier tour de l’élection présidentielle. Aucun des candidats présentés par Reconquest ! ne s’est pas qualifié pour le second tour des élections législatives. À lire : Législatives : l’abstention, grande gagnante du premier tour Lors d’une conférence de presse à Paris lundi, le président intérimaire du RN Jordan Bardella a souligné que Reconquête ! et a appelé ses électeurs “à prendre conscience que la route que nous construisons (…) nous mènera au pouvoir”. Marin Le Pen a “souhaité” aux électeurs du parti d’Eric Zemour de voter pour le RN dimanche prochain. Le parti de Marin Le Pen a également conclu un bon accord financier. Rassemblant 4.248.626 voix dimanche, il pourra compter sur au moins 6,9 millions d’euros d’argent public chaque année, puisque chaque vote qu’il remporte lui donne droit à 1,64 euro par an. Un bénéfice bienvenu pour un parti avec des dettes de plus de 20 millions d’euros. Les résultats ont été ternis par la dynamique Nupes « Pourtant, les résultats du Rassemblement national sont décevants par rapport à ce qu’aurait pu imaginer Ugo Palheta il y a deux mois. On est loin des plus de 8 millions de suffrages exprimés au premier tour de l’élection présidentielle. » Marine Le Pen a échoué. pour trouver la réponse à la dynamique de Noupes et devra faire face à un bloc de gauche très important à l’Assemblée nationale qui jouera a priori le rôle de première opposition au gouvernement. L’union de la gauche a aussi permis de barrer la route au RN dans de nombreuses circonscriptions. Dans la première circonscription de l’Hérault, par exemple, la candidate du RN France Jamet est éliminée malgré une cote de 20,58 %, quand Julien Colet du Nupes arrive en tête avec 26,94 % des suffrages. En 2017, Julien Colet lui-même, alors appelé La France insoumise, a terminé troisième derrière France Jamet. Marin Lepen va-t-il réitérer la position qu’elle revendiquait d’adversaire numéro 1 d’Emanuel Macron ? Cela dépendra d’abord de la longévité politique de Noupes, mais aussi de la stratégie du président de la République pour son second quinquennat. “Emanuel Macron a favorisé cette personne auprès de l’extrême droite depuis 2017, mais il pourrait désormais viser la gauche”, note Hugo Palcheta. De son côté, la leader du RN qualifie le Nupes d’”opposition en carton” et revient sur les deux coalitions qui étaient en tête dimanche soir au premier tour des élections législatives. “Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron défendent une République indigène. A l’Assemblée nationale, les députés RN défendront la République, la Constitution française, la laïcité, l’unité du peuple contre le communisme”, a-t-il écrit sur Twitter lundi après-midi. misant sur l’identité fondamentale de son parti pour mobiliser son électorat pour le second tour.