Après des mois de blocage, le gouvernement britannique est passé à l’action lundi, en présentant au Parlement son projet de loi qui remet en cause le statut de l’Irlande du Nord après le Brexit, avec le risque de représailles des Européens qui jugent le texte illégal. Alors que l’UE a menacé le gouvernement britannique de poursuites judiciaires, affirmant que son initiative sape la “confiance mutuelle”, Londres estime ne plus pouvoir attendre compte tenu de la paralysie politique provoquée par le protocole d’Irlande du Nord dans la campagne britannique. Après avoir menacé de contourner purement et simplement ce traité international qu’il a négocié et signé, le gouvernement de Boris Johnson a choisi de légiférer pour l’amender unilatéralement. “Nous sommes très clairs sur le fait que nous agissons légalement”, a déclaré à la télévision la ministre des Affaires étrangères Liz Tras. S’il est adopté, ce qui pourrait prendre des mois, le texte « mettra fin à cette situation inacceptable où le peuple d’Irlande du Nord est traité différemment du reste du Royaume-Uni, protégera la suprématie de nos tribunaux et notre intégrité territoriale », a-t-il ajouté. expliqué dans une presse. libération, prônant une “solution raisonnable”. Il a rappelé que Londres restait ouverte à une solution négociée, mais à condition que l’UE accepte de “changer le protocole” et pas seulement de l’adapter comme elle le fait aujourd’hui. La ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss fait une déclaration sur le protocole d’Irlande du Nord le 17 mai 2022 au Parlement de Londres (PRU / -) Le protocole vise à protéger le marché unique européen après le Brexit sans provoquer le retour à une démarcation naturelle entre la province britannique et la République d’Irlande, membre de l’Union européenne, qui pourrait mettre en péril la paix. Pour résoudre cette superficie en pieds carrés, le gouvernement de Boris Johnson avait accepté que l’Irlande du Nord devait rester de facto au sein du marché européen, établissant des frontières douanières sur la mer d’Irlande, avec des contrôles et de la bureaucratie. Déplorant la décision britannique, le chancelier allemand Olaf Soltz a assuré que l’UE réagirait “de manière unifiée”, tandis que le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken a exhorté Londres à “poursuivre les négociations de bonne foi” avec l’UE.

– Rage syndicale – Si le texte n’est pas pleinement appliqué, il complique les approvisionnements et effraie la communauté européenne, qui estime que la position de la province au sein du Royaume-Uni est menacée. Alors que le principal parti syndical, le DUP, bloque depuis plusieurs mois la formation d’un responsable local, le gouvernement londonien a annoncé mi-mai sa volonté de légiférer. Le gouvernement britannique souhaite notamment que les marchandises qui circulent et restent au Royaume-Uni transitent par une “voie verte”, les libérant des démarches administratives. Les marchandises destinées à l’UE continueront d’être soumises à tous les contrôles et contrôles imposés par le droit européen. Un manifestant masqué tient une pancarte en faveur du protocole post-Brexit de l’Irlande du Nord lors de la visite du Premier ministre britannique Boris Johnson au château de Hillsborough en Irlande du Nord le 16 mai 2022 (AFP / PAUL FAITH) En vertu du projet de loi, la province pourra bénéficier des mêmes aides d’État que le reste du Royaume-Uni, et les différends seront résolus devant un organe d’arbitrage indépendant et non plus devant la Cour européenne de justice, un point de discorde majeur entre Londres et Bruxelles.

– “Ajustements” – “C’est vraiment une série assez triviale”, a déclaré Boris Johnson à LBC Radio. “Notre principal engagement en tant que pays concerne l’accord du Vendredi saint”, signé en 1998 pour mettre fin à trois décennies de violence entre les protestants de la majorité unie, en particulier les protestants, et la majorité catholique, tuant 3 500 personnes. Liz Truss s’est expliquée en interpellant lundi le vice-président de la Commission européenne, Maro Sefkovic, qui a assuré que l’UE avait proposé des “solutions”. Lors d’une conversation de 12 minutes avec son homologue britannique, l’Irlandais Simon Coveney lui a reproché à Londres qu’”il n’avait pas participé à des négociations de fond”. A Belfast, malgré le projet de loi, le DUP refuse toujours de se présenter dans un nouveau gouvernement, censé être dirigé pour la première fois par le républicain Sinn Féin après avoir remporté les élections locales du 5 mai. Le chef du DUP, Jeffrey Donaldson, a salué “une étape importante”, mais a déclaré qu’il souhaitait voir le projet de loi adopté par le Parlement avant qu’il ne puisse se prononcer. Dans une lettre commune, les élus des partis représentant la majorité de l’Assemblée locale (dont le Sinn Fein) ont déclaré qu’ils “rejetaient fermement” la loi britannique. Pour eux, “sinon l’idéal, le protocole représente la seule protection disponible” contre les effets du Brexit mais aussi un “avantage économique” avec “l’accès à deux grands marchés”.