Emmanuel Macron avait appelé les Français à lui accorder “une majorité forte et nette” afin d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale, soit 289 sièges, pour son second mandat. Cependant, la coalition présidentielle l’a emporté avec une faible marge (25,75 %), après “Ensemble !” devant l’alliance de gauche, les Nupes (25,66 %), avec seulement 21 000 voix. S’il y a une abstention record (52,49%), le second tour s’annonce difficile pour le président de la République, il sera contraint de négocier des alliances pour gouverner librement et faire passer ses réformes.

En cas de majorité relative Si la coalition de la majorité présidentielle ne l’emporte pas largement, ou pire, si elle perd au second tour des élections législatives, les conséquences seraient multiples pour Emmanuel Macron. Deux scénarios sont alors possibles. Si “Ensemble!” arrive en tête, mais sans atteindre les 289 sièges, Emmanuel Macron disposera d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. Le scénario serait compliqué pour le président de la République qui aurait alors deux choix devant lui. La première serait de jouer le jeu des alliances et de rechercher le soutien d’autres formations politiques, afin d’avoir la majorité absolue pour voter sur les textes de loi. Certains membres du gouvernement, notamment, estiment qu’il existe une réserve de voix de la part de la droite. La deuxième option serait de gouverner “en minorité” tout en conservant le Premier ministre de son choix, qui resterait sans doute Elizabeth Bourne si elle l’emporte dans sa circonscription du Calvados. Dans cette situation, qui fut celle de Michel Rocard de 1988 à 1991 (la gauche ne disposait pas de la majorité absolue après la réélection de François Mitterrand), Emmanuel Macron pouvait choisir de gouverner “en force” en recourant à l’article 49 contesté. – 3 qui permet au gouvernement d’approuver un texte sans le soumettre au vote de l’Assemblée. Cependant, le gouvernement s’exposera à une éventuelle motion de censure, qui pourrait être annulée à condition qu’elle réunisse une majorité de députés pour voter en sa faveur.

En cas de concubinage Le deuxième scénario pour Emanuel Macron, jugé “catastrophique” par l’un de ses partisans, serait la défaite au second tour des élections législatives de sa coalition. Cela conduirait à la cohabitation avec la nomination (traditionnelle mais facultative) d’un nouveau Premier ministre qui serait bien entendu le chef de file de l’opposition, Jean-Luc Mélenchon. Ce scénario, le moins favorable pour le président de la République, le priverait de la quasi-totalité de ses pouvoirs. Cependant, Emmanuel Macron conservera la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer de nouvelles élections pour tenter de retrouver sa majorité. Une tactique risquée qui s’est avérée perdue pour Jacques Chirac en 1997, a été approuvée par les électeurs et il a été contraint de vivre avec Lionel Jospin pendant les cinq dernières années de son mandat de sept ans. Selon les prévisions d’OpinionWay, Emanuel Macron comptera entre 260 et 300 députés, ce qui lui donne environ une chance sur deux d’obtenir la majorité absolue. De son côté, Jean-Luc Mélenchon devrait disposer de 170 à 200 places. Des projections qui seront confirmées ce dimanche 19 juin, à l’occasion du second tour des élections législatives, qui pourrait être un tournant dans la politique d’Emanuel Macron.