Mystérieuse variole. Cette zoonose aux symptômes proches de la variole (moins sévère), habituellement limitée à dix pays africains, se propage en Occident depuis un mois maintenant, sans que les causes de cette épidémie ne soient connues. La façon dont le virus se transmet reste un mystère. On sait que la maladie peut être transmise par contact avec des lésions cutanées et des gouttelettes de Flügge. La transmission par aérosol semble plus que possible. En revanche, il n’est pas encore déterminé si le virus peut être transmis sexuellement ou par le sang, et la question se pose alors que la majorité des cas observés en Occident concernent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Bien que le virus ait été détecté dans le sang de patients, à ce jour aucun cas de transmission de la variole au sang n’a été documenté.
Report de 21 jours pour les cas contacts, 42 jours pour les cas confirmés
A l’heure actuelle, l’épidémie semble limitée. Selon le bilan de jeudi dernier, il y aurait 1 285 cas confirmés hors d’Afrique, dont 91 en France. Malgré les zones d’ombre, malgré la faible prévalence de la maladie, le Conseil supérieur de la santé publique (HCSP) préfère prendre des précautions. Ainsi, ce lundi, elle a publié une série de recommandations sur les dons de produits du corps humain (PCH). Tout d’abord, les personnes ayant reçu une dose de vaccin Imvanex 3e génération sont exclues de tout don PCH pendant quatre semaines. Nous vous rappelons que la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande l’administration de ce vaccin en cas de contact. Plusieurs dizaines de personnes l’ont déjà reçu en France. S’agissant du don de sang et d’organes d’un donneur vivant, le HCSP recommande de reporter le don de 21 jours pour les cas contacts et de 42 jours pour les cas confirmés à compter de l’apparition des symptômes cliniques. En général, le personnel de collecte doit être très prudent à ce sujet et ne pas hésiter à interroger le donneur sur d’éventuels déplacements ou contacts avec « danger ». Le collège d’experts note toutefois qu’en cas d’urgence vitale ou de greffe ne pouvant être différée, une PCR peut être réalisée sur le virus de l’orthopox afin que l’équipe médicale puisse évaluer le rapport bénéfice-risque du don. Le HCSP recommande également de ne pas prélever d’organes, de tissus ou de cellules sur des donneurs décédés atteints de variole.
Risque négligeable de transfusion sanguine
Concernant la procréation médicalement assistée (PMA), les recommandations sont similaires : pas de don de sperme pendant 21 jours pour les cas de contact de variole pour les singes, pendant 42 jours pour les cas confirmés. L’échantillonnage dans le cadre du maintien de la fertilité doit également être reporté si possible. Sinon, l’échantillon sera congelé et un test PCR effectué au moment de la décongélation. Enfin, le don de lait maternel est également reporté de 21 et 42 jours respectivement pour les cas contacts et les cas confirmés. Les recommandations émises par le HCSP sont assez similaires à celles des Centres européens de contrôle des maladies (ECDC) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommandaient également de reporter fin mai les dons de PCH pour les cas contacts et confirmés. Le HCSP dit se baser essentiellement sur une étude publiée dans The Lancet et menée sur sept patients britanniques, chez qui le virus a pu être détecté jusqu’à 41 jours après le début de la maladie. Cependant, le virus semble rester dans le sang pendant seulement un à deux jours en moyenne. Selon le professeur Jeanne Brugère-Picoux, membre de l’Académie de médecine récemment interrogée sur la JIM, le risque des transfusions sanguines serait donc négligeable. Nicolas Barbert