Au coude-à-coude, avec un léger avantage pour Noupes. Ce soir, l’alliance de gauche qui unit la France insoumise, Europe Ecologie-les Verts Les Verts, le Parti communiste et le Parti socialiste est dans un mouchoir avec Macron. Selon les premières estimations d’Ipsos à 20 heures, il atteint, avec 25,2 % des voix au niveau national, l’égalité avec le parti présidentiel et ses alliés. Un score qui ressemble encore à un exploit pour une gauche qui ces dernières années ne peut se réconcilier qu’avec des miettes dans l’opposition. Comme lorsque la gauche parvient à surmonter ses guerres d’ego et ses intérêts acheteurs pour répondre aux ambitions électorales de son électorat, elle est capable d’incarner l’espoir malgré un taux d’abstention record de 52 %. Dimanche prochain, les Noupes peuvent espérer voir entrer 150 à 190 législateurs au palais Bourbon lorsque Macron sera élu entre 255 et 295. Pourtant, les premières prévisions pour les 577 sièges ne répondent pas à deux questions essentielles : le chef de l’Etat doit maintenir sa majorité absolue dans l’Assemblée nationale ? Et la gauche trouvera-t-elle suffisamment de réserves de voix pour envoyer, comme elle l’espère, l’insurgé Jean-Luc Mélenchon à Matignon ? (Julien Guillot) Loin derrière, la Coalition nationale, qui a recueilli 18,5 % des suffrages, peut espérer voir 20 à 45 législateurs entrer au Palais Bourbon dans dix jours. Dès lors, le parti d’extrême droite est assuré de voir le nombre de ses députés augmenter par rapport à 2017, où seuls huit candidats lépénistes avaient été élus. Et ce, après une campagne poussive durant laquelle Marine Le Pen, malgré la tournée des selfies en France, n’a jamais réussi à trouver un élan. Les républicains, en revanche, ont déjà été assurés qu’ils verraient leur groupe politique de 92 membres se dissoudre à l’aube de la nouvelle législature et donc ne plus être le premier groupe d’opposition au palais Bourbon. Le parti de droite, qui a recueilli 14% des suffrages au niveau national, peut compter sur 50 à 80 députés à l’Assemblée nationale. Le parti de la rue de Vaugirard peut encore espérer sauver le mobilier grâce au système de vote. Dans les duels du second tour face aux candidats du Nupes, les élus LR pourraient profiter des voix de l’électorat macroniste pour l’emporter. Les Républicains pourraient ainsi peser plus à l’Assemblée que ne le laisse supposer leur classement au premier tour.

Campagne unie

Eric Zemmour et le parti de la Reconquête devraient se contenter de miettes. Le guerrier d’extrême droite et ses candidats ne font pas mieux que 3,8% des suffrages, selon Ipsos. Nouvel échec après la présidentielle. Le parti xénophobe pourrait très bien se retrouver sans député dimanche prochain. Au mieux, Reconquest peut compter sur 3 députés dont son chef. Si la gauche est si haute ce soir, c’est parce que, contrairement à l’élection présidentielle où chacun des partis a fait campagne dans son coin – se tirant souvent une balle dans les jambes -, les révolutionnaires, les écologistes, les socialistes et les communistes ont réussi à gagner. ‘Unir. . Au lendemain de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas réussi à se qualifier pour le second tour, appelle les Français “Pour l’élire Premier ministre” vote à la majorité des députés rebelles aux élections législatives présentées comme “troisième tour” de la plus haute élection. La tribune en profite pour appeler communistes et écologistes à se réunir autour d’un accord-programme. L’unité semble à nouveau être une priorité à gauche. Les discussions débutent fin avril entre les Rouges, les Verts et les Socialistes, mais sont initialement présentées comme persona non grata. Tour à tour, les émissaires d’Europe Ecologie-les Verts, du Parti communiste ou du Parti socialiste se succèdent au siège de La France insoumize pour des nuits entières de négociations. Au-delà de l’épineuse répartition des circonscriptions, différentes formations discutent d’un agenda commun. Il y a de vrais freins, notamment sur la question de la désobéissance aux traités européens et de la retraite à 60 ans. Mais après de nombreuses heures d’échanges, l’insurrection culmine avec les communistes, les écologistes et les socialistes (malgré l’opposition des éléphants et de nombreuses personnalités comme Anne Hidalgo et Carole Delga). La Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale (Nupes) est née. Chose inquiétante pour la majorité présidentielle. Dès la signature de l’accord Nupes, la macro, qui n’avait pas hésité à flirter avec l’électorat de gauche lors de la campagne entre les deux tours, a complètement changé de braquet et s’est arraché les ongles contre la coalition menée par les rebelles. Sans hésiter, parfois, en s’appuyant sur de fausses nouvelles pour diaboliser leurs adversaires. Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, qui disait avoir des “valeurs communes” avec Jean-Luc Mélenchon est désormais confronté à une alliance contre nature dite “Déclin idéologique”. Alors qu’Emmanuel Macron reste en retrait, les ministres multiplient les interventions médiatiques pour diaboliser le chef rebelle et alerter sur le danger que « l’extrême gauche » pourrait faire peser sur le pouvoir. Quand ce n’est pas Bruno Le Maire qui accuse Mélenchon d’être un “Chavez Gaulois” dans Le Figaroest-ce que Gabriel Attal attaque et confirme à l’intérieur Le monde qu’avec le chef rebelle ce serait “La guillotine financière”. En voyant les résultats ce soir, les craintes étaient justifiées.