Quatre fois par semaine, Hamid Taleb fait du shopping dans la région lilloise. Vend fruits et légumes. Aujourd’hui, il vante ses beaux abricots, qu’il a du mal à vendre. Peut-être trop cher pour acheter Epeule à Roubaix. La foule est arrivée plus tard que d’habitude. Hamid veut croire que “c’est probablement parce que les gens sont allés aux urnes”. Pourtant, dans ce quartier populaire de Roubaix, les gens ne se sont pas précipités aux urnes depuis longtemps. Cela attriste ce commerçant, qui trouve que “pour que les choses arrivent, il faut y aller !” Hamid Taleb votera après le marché, dans la ville voisine de Tourcoing, où il habite. Au marché “il parle beaucoup et parle souvent de politique, mais les gens ne votent pas. Allez comprendre…” même si ce ne sont pas les fins [son] Papa. “Il trouve que” le climat s’est bien détérioré, mais on n’a plus non plus les personnalités de l’an dernier. “Les personnalités ?” Chirac ! Je ne me souviens pas avoir jamais eu de tomate. le marché approche. Rue de l’Epeule, les terrasses sont pleines de monde. « Le bureau quoi ? Pour faire quoi ? » Sur les six commerçants interrogés dans la rue principale du quartier Epeule à Roubaix, aucun ne peut dire où se trouve le bureau de vote pour les élections législatives. Une vendeuse de chaussures parle à un client dans l’arrière-cour. Il n’a pas voté depuis longtemps. Devant le café portugais, à la vitrine bleu vif, les jeunes se voient proposer de chercher sur Internet. A Phnom Penh, une épicerie cambodgienne, notre gérant nous regarde avec de grands yeux. Il ne sait pas non plus. Deux médiateurs urbains, en gilet fluo, se reposent sur le barrage ce matin. « Le bureau quoi ? Pour faire quoi ? “Il faut aller dans un vieux café pour que le patron appelle l’épicier d’en face qui sait où se trouve l’école du quartier où se trouve le bureau de vote d’Epeule. Nous sommes juste à côté d’un quartier où des affiches présidentielles fanées proclament qu’il faut voter pour Jean-Luc Melanson. C’est ce qu’a fait la ville de Roubaix – le meilleur score de la métropole lilloise au premier tour, avant de tomber face à Emmanuel Macron au second, beaucoup moins largement. « Cela fait quarante ans que je me présente dans les bureaux de vote, ça a beaucoup changé ! » L’école Lakanal, magnifique édifice du début du XXe siècle proche du centre-ville de Roubaix, dispose de trois bureaux de vote mais est un peu déserte en début d’après-midi. 1 092 et 140 électeurs se sont inscrits au bureau de vote 175 rien que ce matin. L’édile qui tient le procès-verbal la nuit et transmet les résultats à la mairie prédit qu’”au mieux, si on a 300 électeurs, ce sera un miracle”. Il travaille chaque dimanche électoral depuis quarante ans : « J’aime l’ambiance, mais elle a beaucoup changé ! “Ce n’est pas facile de trouver des évaluateurs pour diriger les bureaux de vote ici. “Avant, on avait beaucoup de monde…” Ce soir “si on arrive à faire deux tables, ce sera la fin du monde”. Yasmina Khiter s’est portée volontaire. Il a vu l’appel sur Facebook. La première fois, c’était pour l’élection présidentielle. Ils m’ont rappelé pour aujourd’hui. Dans le bureau voisin, qui se trouve dans la cantine scolaire, le bourgmestre de la région, Eric Delbeke, n’aura pas de mal à trouver des volontaires pour se déshabiller. “Quand tu t’occupes de la vie associative, tu passes quelques coups de fil et c’est bien.” En ce moment, il s’ennuie un peu : « Il ne vote que pour les élections présidentielles, à Roube… » Votez dimanche à Epeule, quartier populaire de Roubaix, le 12 juin 2022. CYRIL BITTON POUR LE MONDE